Troisième « complot » : l'affaire des femmes

Nombre total de ménagères détenues au camp Camayenne (futur camp Boiro) : inconnu



Au cours de la rentrée d'octobre 1964, un grand nombre d'enfants avaient été refusés dans les écoles de Conakry. Les mères manifestèrent leur mécontentement en organisant une marche de protestation sur la présidence. Le cortège fut intercepté par Mafory Bangoura, alors présidente des femmes et du P.D.G, dispersant les femmes après les avoir calmées. Mais ce n'est pas fini ! Pour Sékou Touré, c'est le troisième complot contre le gouvernement. Et pour mater l'esprit ainsi né et affirmé, il ordonne une rafle de femmes devant les entreprises, d'État et dans les rues de Conakry. Les malheureuses femmes en grand nombre furent envoyées au camp Alpha Yaya où elles subirent les pires traitements.

Elles furent déshabillées et toutes nues, obligées de marcher du camp au palais de la présidence (15 km). Certaines en moururent de honte, alors que d'autres s'exilèrent. Cette affaire eut une terrible impression au sein du public, et c'est après ce travail psychologique de terreur qu'il inventa sa fameuse « loi cadre » du 8 novembre 1964.


Camp Boiro – Parler ou périr – R.A. Gomez – 2007 – Éd. Harmattan. P. 197.