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L’Etat venant de finir la construction des abattoirs nationaux, il fut nommé directeur général
des abattoirs nationaux. Il y resta jusqu’à son arrestation à 33 ans.
Tierno s’intéressait beaucoup à la recherche. Lorsqu’il était à l’abattoir, il avait fait venir des
vaches russes à Beyla (il pensait que Beyla pouvait nourrir toute la Guinée), à Ditinn (Fouta) et
à Famoèla en Forêt dans le but de faire des inséminations artificielles ayant pour objectif
d’accroître la productivité de la race bovine locale « Ndama ».
En 1969, il partit en mission à Dakar, mais auparavant, il s’arrêta chez sa sœur Maïmouna
Maréga pour l’informer qu’il ne reviendrait plus en Guinée. A Dakar, Abdou Diouf lui donna
une voiture avec cocarde et lui proposa de gérer l’école vétérinaire de Dakar. Mais
étrangement, il décida de revenir. Peut-être avait-il des remords à vouloir abandonner son
père entre les mains de ses sœurs ; les principaux hommes de la famille n’y seraient pas :
Mamadou Ba était déjà à la Banque Mondiale à Washington. Il s’est peut-être dit que si son
père venait à mourir, il ne serait enterré que par ses sœurs ; ce qui ne se faisait pas dans la
tradition. Ainsi, contre l’avis de ses amis et sœurs, il décida de revenir en Guinée. Sa disparition
désorganisera considérablement la famille car il en était une pièce maîtresse.
Il fut arrêté le 12 avril 1969 à 14 h en même temps que Bocar Maréga, à l’occasion de ce que
le régime a appelé le complot Kaman-Fodéba, et en l’absence de sa famille. En effet, son fils
Sellou et sa femme, Mariama Diélo, se trouvaient au Libéria ; sa fille aînée, Nima, était chez
son homonyme, Hadja Nima Sow à Conakry. Du Libéria, Mariama Diélo et Sellou rejoignirent
à Daloa en Côte d’Ivoire ; Fatoumata Diakité, la sœur ainée de Mariama. Quant à Nima, elle
sera exfiltrée de Guinée en 1970 par un cousin de son grand-père, par la route à travers le
Mali jusqu’à Daloa en Côte d’Ivoire. Ils finiront tous par s’installer chez leur oncle Mamadou
Ba, basé en Abidjan.
Lors de son arrestation, les policiers ne laisseront rien ; son appartement à l’IFAN fut
entièrement pillé. Il fut arrêté principalement parce qu’il était le frère de Ba Mamadou,
condamné à mort par contumace. Tierno Ba ne sera revu par la famille que le 22 novembre
1970 lors de l’attaque du Camp Boiro par les Portugais. Le camp fut ouvert, et les prisonniers
libérés rentrèrent chez eux. Lorsque les Portugais repartiront avec leurs prisonniers, les
anciens détenus seront rappelés à la Permanence de Dixinn. On ne le reverra plus jamais. En
avril 1984, lors du coup d’état du CMRN et après l’ouverture de tous les camps
d’emprisonnement, on saura qu’il avait été exécuté. Longtemps après, dans le livre d’Alsény
René Gomez « Camp Boiro - Parler ou périr », on apprendra qu’il avait été transféré à la prison
de Kindia, dont il sera extrait dans la nuit du 3 janvier 1971 pour être fusillé avec ses
compagnons d’infortune.
Que leurs âmes reposent en paix !
Ba Mohamed Sellou et Ba Nima, les enfants, et Ba Mariama Diélo, l’épouse