Mody Amamdou Bailo Bah
Mody Amadou Bailo Bah est ver 1918 à Djanfou, dans Gongoré (Pita), de El Hadj Cheick
Sanoussy Bah et de Aissata Tchiwto Bah. Originellement son nom de famille est DEM. Il appartient
à une lignée Toucouleur venue de Vélingara, Sénégal dans les années 1750. Ses ancêtres se sont
installés successivement à Yembéring et Donghel Sigon dans l’actuelle préfecture de Mali ; puis à
Bodiè, Dalaba, et pour finir à Maci Dantaari et Gongorè dans Pita.
Son père, né vers 1889, fut un grand érudit. Il enseigna l’exégèse islamique dans toute la région et
devint CHEICK. A la fin des années 1930, il avait été choisi par l’administration coloniale pour être
juge coutumier à Pita. Mais il ne resta pas en fonction longtemps : il démissionna moins d’un an
après. Pour ses convictions religieuses, il avait estimé que les fonctions de juge étaient
incompatibles avec la foi. Mody Amadou Bailo l’envoya à La Mecque pour le pèlerinage en août
1949. Le pèlerinage terminé, il mourut à Djedda en octobre. Il avait 60 ans.
Mody Amadou Bailo passa toute son enfance à Gongoré dans le cadre familial. Il eut plusieurs
frères et sœurs. Tous étaient illettrés en français sauf Bah Souleymane qui devint, avant
l'indépendance, agent technique de santé, spécialisé dans la lutte contre la trypanosomiase.
Il eut cinq épouses, Assiatou Djanfou Diallo, Kadiatou Saari, Oumou Djiguera, Oumou Mamou
Barry et Laouratou Bah. Toutes eurent des enfants pour lui. Mais dès le début des années 1950, il
s’était séparé de Kadiatou Saari et Oumou Mamou Barry.
Assiatou Djanfou Diallo eut quatre garçons : Abdoulaye en 1941, retraité du système des Nations
Unies qui vit entre Rome et Nice, Mamadou Lamine en 1946, journaliste, membre fondateur du
Groupe Lynx, Lance et Lynx FM, qui vit entre Conakry et Pita ; Mamadou traducteur-interprète
peul/allemand pour les tribunaux de Vienne, en Autriche, où il vit actuellement.
Quant à Kadiatou Saari, elle eut deux filles : d’abord Moudatou en 1945, secrétaire retraitée. Elle
fut l’épouse de feu Bah Mamadou Oury, Directeur de la Station Quinquina devenue Séquina de
Sérédou, Macenta. Elle vit entre Conakry et Montréal au Canada. Puis Aissata Tchiwto en 1948,
secrétaire à la retraite, qui vit actuellement à Conakry.
Oumou Djiguera eut six enfants dont deux garçons : Mamata en 1948, secrétaire à la retraite, qui
vit à Conakry ; Hadjiatou en 1949, secrétaire retraitée, qui vit à Montréal au Canada ; Karim en
1953, qui a vécu à Nancy avant de rentrer à Pita ; Aissatou en 1957, commerçante qui vit à
Conakry ; Alassane en 1960, chauffeur de poids lourds, qui vit à Montréal et enfin Houssaynatou
en 1960, qui vit à Conakry.
Oumou Mamou Barry eut un garçon, Souleymane en 1960. Il est enseignant et vit actuellement à
Conakry.
La dernière épouse, Laouratou Bah, eut trois enfants dont deux filles. Le garçon est décédé très tôt
alors que Djeynabou naquit en 1966. Commerçante, elle vit à Conakry. Enfin Raghiata, née en
1971, travaille à la Banque Centrale de Guinée à Conakry.
Sur le plan scolaire Amadou Bailo fit des études coraniques et arabes spécialisées.
Sur le plan politique, il a milité dans le parti de Barry Diawadou, le Bloc Africain de Guinée avant
l’indépendance. Il connaissait bien ce dernier, qu’il fréquentait régulièrement. De même pour
Barry III, à qui il était très lié et qu’il avait connu en France.
Les activités d’Amadou Bailo étaient très variées, mais se concentraient principalement sur le
Commerce (alimentation, matériel de construction, produits agricoles…) et le Transport. Dès 1952,
il s’était installé à Guéckédou il opérait en qualité d’acheteur de café, cacao et peaux
d’animaux, qu’il revendait aux sociétés européennes à Conakry, notamment à la Compagnie
Commerciale Franco Africaine « CCFA », et à Kissidougou, à la société Chavanel SA.
Il fut membre fondateur et administrateur de la Compagnie Commerciale et Industrielle
Guinéenne à sa création en 1959 ; société qui deviendra EGTPM, Entreprise Guinéenne de Travaux
Publics et Maritimes puis Socié Mixte de Dragage et de Travaux. En 1975, l’EGTPM sera
transformée en SOMIDRAT lorsque l’Etat s’est impliqué dans la gestion en y injectant des fonds. A
partir de cette année-là, le capital de l’entreprise est subdivisé en deux types d’actionnaires :
l’Etat, actionnaire A et les actionnaires privés issus de l’EGTPM, actionnaires B. L’entreprise s’est
éteinte au début des années 2000. A la veille de sa seconde arrestation, Amadou Bailo avait
sollicité l’autorisation de l’Etat d’ouvrir 5 nouvelles unités industrielles…
Mody Amadou Bailo était fortement impliqué dans le milieu des affaires, parmi les personnes de
sa génération, dans son quartier. A ce titre, il voyageait beaucoup dans les pays de la sous-région,
en Europe et en Asie. Il avait un carnet d’adresses fourni, parmi lesquels on comptait Barry Modi
Oury, l’un des fils de l’Almamy de Mamou, lui-même disparu au Camp Boiro, Barry Ousmane
Kolon, originaire de Mamou, Kébé Mamady, homme d’affaires marié à Passy Touré, l’une des
sœurs de Sékou Touré, Barry Ibrahima dit Barry III comme indiqué précédemment, Bah Oumar
« Chavanel », agent de la Socié Chavanel installé à Kissidougou, Diallo Allarény, commerçant
originaire de Gongoré (Mamou), Ibrahima Sory Keita, commerçant à Pita et père d’un journaliste
décédé du Lynx, Assan Abraham Keita ; Alpha Oumar Diallo, commerçant originaire de Boké et
enfin Kaba Moilamine, homme d’affaires et membre de la CCIG et de l’EGTPM.
Ce dernier, ayant survécu aux traitements inhumains pratiqués dans les geôles du tyran, fut le
dernier des amis à avoir vu vivant Mody Amadou Bailo : le jour de son exécution. Avant sa mort,
Moilamine a rapporté à Lamine en janvier 1996 que Mody Amadou Bailo avait é tellement
torturé que sa tête ne tenait plus sur le cou…. Comme c’est le cas pour les nouveau-s ! Kaba
Moilamine est lui-même sorti de prison complètement paralysé.
Comme pour la plupart des victimes du régime de Sékou Touré, les raisons de l’arrestation de
Mody Amadou Bailo sont inconnues. On l’a taxé d’être un agent de la Cinquième colonne…On
imagine que son succès dans les affaires et les jalousies suscitées par ses activités ont
probablement représenté un argument de poids dans son arrestation.
Arrêté une première fois en décembre 1970 et libéré le 25 janvier 1971, il est repris le lundi 27
avril 1971. On n’a plus jamais eu de ses nouvelles. Après cette seconde arrestation, on l’a torturé
et forcé à donner la combinaison de son coffre-fort. L’équipe dirigée par Siaka Touré a récupéré
ses chéquiers et aussi les titres fonciers de ses propriétés. C’est ainsi que de bons terrains lui ont
été volés : un domaine d’un hectare à Nongo, en bordure de mer, une parcelle à Boussoura,
Matam, et une autre à Kaloum, sur le front de mer, située entre le Palais du peuple et le siège de
l’Association des anciens combattants. Ses comptes en banque au Crédit National et à l’agence de
la Chemical Bank de Freetown ont été vidés. Siaka Touré s’est lui-même approprié sa voiture
Chevrolet automatique de type Chevelle Malibu. Ainsi se perpétuaient les pratiques de la
Révolution !
Le 3 avril 1984, à la prise du pouvoir par l’armée guinéenne et suite à l’ouverture du camp Boiro,
on a su que Mody Amadou Bailo Bah avait été exécuté, ainsi que des milliers de compagnons
d’infortune.
Que leurs âmes reposent en paix !
Lamine et Souleymane Bah